QUÉSACO ?

La croissance des mâchoires et le positionnement des dents dépendent fortement des fonctions oro-faciales :

– Une respiration nasale permet un bon développement transversal du maxillaire.
– Une déglutition mature avec la langue en haut favorise la croissance de l’étage moyen de la face.
– Une mastication unilatérale alternée stimule la croissance mandibulaire.

À l’inverse, les dysfonctions comme la respiration buccale, la déglutition atypique ou la mastication unilatérale peuvent entraîner des déformations des mâchoires et des malocclusions.

Notre alimentation actuelle, souvent molle et riche en sucres, sollicite peu les mâchoires lors de la mastication. Cela peut entraîner un sous-développement des maxillaires, un encombrement dentaire et des problèmes d’occlusion.De plus, la consistance molle des aliments favorise une déglutition infantile avec une position basse de langue, ce qui perturbe la croissance des mâchoires. Enfin, l’excès de sucre augmente le risque de caries précoces qui dégradent les fonctions orales.Des études suggèrent que la consommation excessive de sucre, en particulier de sucres ajoutés, pourrait être associée à une inflammation systémique chronique de bas grade dans l’organisme. Cette inflammation chronique serait due à plusieurs mécanismes :

– L’excès de sucre perturberait la flore intestinale (microbiote) en favorisant les bactéries pro-inflammatoires et en altérant la perméabilité intestinale. Cela permettrait le passage de molécules pro-inflammatoires dans la circulation sanguine.
– Le sucre stimulerait directement la production de cytokines pro-inflammatoires par les cellules immunitaires.
– Le sucre favoriserait le stress oxydatif et la glycation des protéines, ce qui entretiendrait l’inflammation.

Or, cette inflammation systémique chronique pourrait avoir des répercussions sur la sphère ORL. Plusieurs études suggèrent que l’inflammation chronique liée au sucre favoriserait :

– Les rhinites et rhinosinusites chroniques, par une inflammation persistante des muqueuses nasales et des sinus.
– Les otites séromuqueuses récidivantes, par un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache et une inflammation de l’oreille moyenne.
– Les angines et pharyngites à répétition, par une altération de la flore bactérienne oropharyngée et une sensibilité accrue aux infections.
– Les reflux gastro-oesophagiens et laryngo-pharyngés, par une augmentation de l’acidité gastrique et une altération du sphincter oesophagien.

Limiter la consommation de sucres ajoutés et privilégier une alimentation anti-inflammatoire riche en fibres, oméga-3 et antioxydants permettrait de prévenir ces troubles ORL inflammatoires chroniques.

L’éducation fonctionnelle regroupe des traitements interceptifs précoces visant à rétablir des fonctions oro-faciales physiologiques :

– Rééducation de la ventilation nasale et suppression des obstacles (végétations, déviation de cloison).
– Rééducation de la déglutition avec positionnement lingual en palais.
– Mastication unilatérale alternée sur des aliments durs.
– Correction des parafonctions (succion du pouce, interposition de langue).
– Exercices de renforcement de la musculature oro-faciale.

Cette prise en charge pluridisciplinaire précoce (orthodontiste, ORL, orthophoniste…) permet de créer des conditions favorables au développement harmonieux des mâchoires.

En complément de l’éducation fonctionnelle, l’orthodontie fonctionnelle utilise des appareils amovibles spécifiques pour stimuler et orienter la croissance des mâchoires.Contrairement aux appareils fixes, ces appareils fonctionnels délivrent des forces légères et continues sur les maxillaires, plus physiologiques. Ils peuvent agir de façon indirecte en modifiant la posture mandibulaire, ou de façon directe en s’appuyant sur les procès alvéolaires.Le choix de l’appareil dépend du stade de denture, du sens de la dysmorphose et du type de malocclusion. Le traitement est toujours associé à une rééducation fonctionnelle et des conseils alimentaires.